Algérois d'origine contrôlée

Les Kabyles souffrent du même mal dont ont souffert les Juifs au 19e siècle et cela continue un peu pour eux. Mais les Kabyles sont en plein dedans. Exemple, on vous dira toujours qu'un tel, artiste ou lambda, est né à la casbah en 1898 et qu'il est originaire des Aït Flan. Oui, c'est normal qu'il soit originaire des Aït Flan. Tous les Citadins du monde sont originaires des Aît Flan, car ce sont toujours les Aît Flan qui construisent les villes. Les villages sont antérieurs à l'idée même de la ville.
Et beaucoup de villes ne sont, en réalité que l'expansion devillages. 
Les Tiziouzéens sont tous originaires des Aît Flan et les Bougiotes, c'est pareil. Les Parisiens, les vrais, portent tous les noms de leurs patelins ! 

C'est pour cela que nous avons les De la villardière, les Dupont, les De la Rochefoucauld. 
Et tous ces noms parlent des brousses qui ont servi de lignes de départ pour ceux qui allaient devenir les Citadins de la ville des lumières, par exemple. Oui, mais chez nous, persiste dans une étrange attitude, celle de ne citer les origines d'un Algérois sauf si ce dernier est Kabyle. Ce qui reviendrait à dire que c'est un pléonasme que de faire coïncider les deux mots, Algérois et Kabyle ! Mais personne ne trouve à redire, dès que la personne qui nous intéresse est de sous-culture arabe. De Boussaâda ou autres ! 

Mais il y a là comme une tentative de discrédit jeté à la face de ces Algérois, qui par nature sont Kabyles. Façon de dire attention, vous n'êtes pas tout à fait de ce coin-là. Mais se faisant, les détracteurs ancrent, sans qu'ils ne le sachent, les nôtres, dans les fondements de notre ville, justement. L'adage algérois dit : " le seul Citadin qui vaille, c'est le rat…" L'air de dire que c'est la seule créature qui aurait troué la céramique pour sortir vers nous. Ainsi, tous les autres, ne sont que des bouseux, comme le consacre l'expression populaire.

Cela nous emmène droit vers une explication toute simple. Les Kabyles, au départ, forts de leur certitude d’appartenir à Alger, se vantaient en plus, de l'arch qui a donné leur clan ! Et la proximité de tus ces lieux confirment bien leur statut d’Autochtones sans oublier les appellations qu’ils donnent à leur quartier voire villages.
Nous avons, Tixraîn, qui est un village kabyle typique, vers Hydra. Nous avons Qawesh, Megnache, Cheraga, Birtouta, Stawali comme une ceinture entourant Alger. Mais aussi, Talamellal, Tafura, Zghara, en plein Alger !

De quoi s’agit-il alors ? Alger, ville portuaire, appelée, comme toutes les villes de cette nature, à devenir cosmopolite. Et c’est ce qui s’est passé. D’ailleurs beaucoup de villes portuaires, Kabyles, le sont aussi. Dellys et Bougie ne sont pas là pour me contredire.
Seulement voilà, les arrivant de terres lointaines, n’avais pas tendance à parler de leur pays d’origine. Leurs enfants éloignées un peu plus de leurs parents, ils devenaient Algérois et uniquement Algérois, car l’éloignement géographique, de toute façon n’arrangeait en rien leur situation.

Je me souviens, en partance pour le village de nos ancêtres, du regard d’un gars de mon quartier, originaire d'Annaba. J’étais le seul à le savoir, qu'il était de ce coin-là. Il m’enviait. Je prenais le car au bastion d’Alger et deux heures après j’étais au village. Pour se rendre à Annaba, mon ami, il lui fallait prendre l’avion ou alors le train pendant deux jours ou bien la voiture pendant trois jours et je n'ose pas évoquer le car !

Alors, tous ces gens-là ont essayé d’oublier qui ils étaient et d’où ils venaient en ne forçant que sur l’aspect algérois comme pour mieux se l’entendre dire.
Le pire, c’est que cette catégorie-là, ultra minoritaire, aidée par les médias qui ne faisaient que dévaloriser le fait kabyle, ont réussi à culpabiliser les Kabyles et les faire sentir étranger chez eux.

Pourtant, pour vérifier l’identité d’une terre quelconque tout le monde sait qu’il faut questionner les cimetières ou bien les murs. Et que disent ces derniers, justement ? Ils nous parlent des saints patrons d’Alger, immédiatement. De leurs mausolées et des cimetières qu’ils englobent. Les murs parlent des bâtisses de la famille royale des At lkadi sur les hauteurs de Babeloued, que tout un chacun peut visiter de nos jours. Les Algérois, même ceux de sous-culture arabe, l’appelle « Djbel Koukou », ne sachant même pas à quoi cela renvoie. Je ne vais pas ici énumérer les références à la Kabylie car ce n’était pas mon propos initial, même si je peux rappeler que le commandement d’Alger lors de la guerre de libération a été l’œuvre des Kabyles et ce, naturellement. Qui d’autres auraient pu prendre Alger sous leurs ailes ?

C’est Abane Ramande et pas moins, qui en était le patron. Les plus grands lycées d’Alger sont Lycée Amara Rachid, Lycée Lmokrani, Lycée Abane Ramdane et Lycée Amirouche, naturellement Kabyle, tous. L’État Algérien, s’est senti obligé d’apporter sa touche en baptisant le lycée Bugeaud en Lycée l’Émir Abdelkader. Deux colonisateurs en somme !

La Kabylité d’Alger doit être prise en charge par les défenseurs de la Kabylie. Il ne faudrait pas pousser les nôtres dans les bras des fossoyeurs de l’Histoire. Kateb Yacine, Chaoui pourtant, avait entrepris de son vivant, de mettre le doigt sur ce sujet précisément. Il en a parlé, dans un premier lieu, lors d’une interview, puis comme s’il n’était pas satisfait, il a dû lui-même organiser une interview avec Halo Muhand u Yidir Alias lhadj mhemmed L3anqa.

Ce dernier a rappelé qu’il était né à la fin du 19e siècle début 20e à la casbah et qu’il était originaire du village d’Arzqi Lvachir… Comme quoi, le Kabyle tout citadin qu’il puisse être, il n’est jamais fier sans son village. Même si ce dernier n'a pu constituer que le décor de l’arrière-grand-père.
Firman L