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La République Kabyle indépendante.

Non contents d’avoir colonisé et détruit notre République. Ils ont effacé ses traces jusque dans nos mémoires. Aujourd’hui, les Kabyles, Chawis indépendantistes ne réclament, en réalité que le recouvrement d’une souveraineté perdue en lendemain de la conquête française. Pour atteindre leur objectif ils ne peuvent compter que sur leur volonté, car comme le démontre cet article et tant d’autre l’ONU est devenue l’organisation des tyrans unis. Pour l’instant nous sommes peu nombreux ou trop silencieux, demain...

Les tout premiers rapports français avec les Kabyles furent commerciaux. En effet, la régence d’Alger que la France a conquis produisait peu de denrées en quantité suffisante pour pouvoir répondre au besoin des troupes du nouvel occupant encore moins de l’ancien. En un mot, la régence d’Alger sous autorité Turque dépendait presque totalement de la République kabyle voisine, qui produisait des quantités considérables d’huile d’olive, suffisamment de figues, des fruits, légumes, agrumes de toutes espèces, d’olives, de cuir, de cire et divers articles artisanaux, possédait le plus grand cheptel bovin, mouton caprin, etc., de la région. Ces produits prenaient, depuis fort longtemps, le chemin du Levant et de l’Europe. N’en déplaise aux théoriciens d’une Kabylie recluse et vivante en autarcie peuplée de primitifs ignares. Enfin, ce n’est pas le sujet , passant. Pour pouvoir les expédier vers les centres urbains d’Alger et de Constantine et comme indiqué vers l’Europe et l’Asie.

Les principaux centres d’échanges, voie maritime et d’exportation pour la Kabylie étaient principalement la ville de Vgayeth et son port dont le marché du jeudi était fréquenté par des milliers de Kabyles et en second lieu les ports de Jijel et Dellys.

L’intérêt français pour Vgayeth fut stimulé après la prise d’Alger. Jadis importante en tant que port d’échange, cette ville côtière au pied de la montagne Jerjer avait subi un déclin significatif pendant l’occupation espagnole de 1509 à 1555 et retrouva peu à peu son prestige d’autant après leurs départs. Sous le duc de Rovigo, commandant en chef de l’armée française en Algérie de décembre 1831 à juin 1833, un projet fut émis d’installer un certain M. Joly comme consul français à Vgayeth dans le but d’établir des relations diplomatiques et commerciales avec la République Kabyle et d’ouvrir le port aux navires français. Selon Pellissier de Reynaud, un officier considéré comme le mémorialiste le plus notable et le plus fidèle de cette période, qui participa étroitement aux affaires autochtones tout au long des douze ans qu’il passa en dans le territoire français, ce plan était bien conçu et aurait pu, avec certaines réserves, être adopté. Il était possible, croyait-il, aux Français de commercer de façon tout à fait honorable et sur un pied d’égalité avec la République kabyle, car ses citoyens étaient non seulement un peuple libre et indépendant, mais des commerçants avisés et honorables.

Citoyens d’une république sans pouvoir central politique ni militaire, composée essentiellement de puissantes confédérations et petites cités, chacune jalousement attachée à son indépendance et ses prérogatives. Avec un système judiciaire foncièrement laïque. Le droit kabyle est le fruit d’une activité profane et séculaire [...] il est toujours susceptible d’être amendé et d’évoluer au gré des dispositions édictées par les assemblées villageoises.1 dans le tome II le Magistrat et le Général écrivent L’organisation politique et administrative du peuple Kabyle est une des plus démocratiques et en même temps, une des plus simples qui se puissent imaginer. Jamais, peut-être, le système de sel-governement n’a été mis en pratique d’une manière plus complète et plus radicale ; jamais administration n’a compté un nombre aussi restreint de fonctionnaires et n’a occasionné moins de dépenses à ses administrés. L’idéal du gouvernement libre et à bon marché, dont nos philosophes cherchent encore la formule à travers mille utopies, est une réalité depuis des siècles en Kabylie. Là, en effet, le peuple est tout et suffit à tout ; le gouvernement, l’administration, la justice ne coûtent absolument rien à la communauté..

Mais la cupidité et la raison politique...

Après un enthousiasme initial de la part de Rovigo, le projet fut abandonné et les troupes françaises furent envoyées conquérir la ville non sans rencontré une terrible résistance. Huit ans plus tard, Tocqueville déplora l’incapacité des Français à sceller des liens diplomatiques, commerciaux avec la République kabyle. Le lieutenant-colonel Picouleau, commandant du port de Jijel, autre important port de la République kabyle, dans le Constantinois, avait dit à Tocqueville qu’il croyait que la ville était promise à un grand avenir commercial. Si les Français agissaient avec circonspection et respect des frontières, Jijel pouvait devenir, à l’instar de Vgayeth, un important centre de commerce avec la République kabyle. Tocqueville pensait que les deux villes de Jijel et Vgayeth bordaient une nation nantie d’une population singulière. Néanmoins, il douta que les Français auraient la sagesse de répondre aux espérances de Picouteau en établissant des rapports d’égalité et de partenariat privilégié avec la République kabyle. En effet, pour la France la colonisation de la Kabylie était indispensable pour éliminer un exemple d’un pays indépendant dans la région, dont les effets ne pourraient que s’avérer préjudiciables à l’autorité des Français sur les Arabes.

Entre temps des contacts de nature moins heureuse, c’est-à-dire dans des conditions de guerre, furent établis.

Le premier conflit entre les Français et Kabyles eut lieu à Médéa en 1831. Aït Zamoun, le chef de la puissante et très ancienne confédération des Flissa (voir ici), infligea de lourdes pertes aux troupes de l’expédition française. Les Français furent particulièrement frappés par la présence des femmes dans les rangs de l’armée kabyle. Ce qui souligne l’existence de tendance égalitaire chez ce valeureux peuple, toujours agressé JAMAIS agresseur.

Les Français furent scandalisés (la bonne blague) lors de la campagne de Vgayeth lorsque plusieurs soldats français furent décapités par les guerriers kabyles le 29 septembre 1833. Les représailles qui s’ensuivirent donnèrent le ton de ce qui semble avoir été le début d’une sale guerre entre la France et la République kabyle. Les "indignés" choquée par le traitement réservé aux soldats avaient-ils par l’intervention divine qu’ils sont les agresseurs et pénétraient sur un territoire étranger qu’ils convoitaient ? S’apprêtaient à occuper par la force et l’expropriation ? Pardon c’était pour la bonne cause : civiliser les barbares.

Vgayeth étant tombée aux mains des Français, une administration militaire en bonne et due forme y fut établie. Il s’ensuivit cinq années d’escarmouches au cours desquelles un incident en particulier, l’assassinat de Salomon de Musis, laissa un impact durable. En effet Salomon Musis, chef de bataillon du 2e chasseur d’Afrique était commandant de la ville de Vgayeth. Après avoir été convoqué à une entrevue par une assemblée des Kabyles religieux, celui-ci fut encerclé puis tué avec plusieurs de ses membres de sa suite, cet acte isolé inimaginable en Kabylie où l’honneur, la parole donnée, sont éminemment sacrés, fut commis semble-t-il en représailles à la mort d’un marabout aux mains des Français. Cet acte de “traitrise” dirons-nous et qui ne correspond nullement à l’esprit des Kabyles fut accueilli par les Français avec consternation et selon Pellissier de Reynaud, par l’écrasante majorité des Kabyles avec une horreur apparente.

Que la culpabilité de cet incident et ceux de même nature reviennent aux seuls Kabyles ou à une manipulation orchestrée par la France ou le clan des religieux, sinon conjointement, leur “traitrise” fut justifiée comme faisant partie de leur esprit indomptable et prétexte à leur faire la guerre. Pour reprendre l’expression de Lapéne : « [...] Ces agissements représentaient des expressions énergiques du fait que, de nature insoumise et indépendante, les Kabyles n’avaient jamais été asservis et le seraient jamais ».

En dépit de tous leurs “défauts”, et aussi repoussants ceux-ci fussent-ils, les Kabyles furent considérés comme de redoutables ennemis dont les mouvements devaient être soumis à une étroite surveillance. Un décrit à cette fin plaçant ces derniers sous la juridiction d’un Tamun[2] d’origine kabyle résidant à Alger entra en vigueur le 5 juin 1837. Il fut désormais interdit aux Kabyles de travailler ou de vivre sur le territoire algérien tant qu’ils ne s’étaient pas inscrits sur le registre de Tamun. Six mois plus tard, le maréchal de camp de Castellane suggéra au commandant du Constantinois, le général Négrier, de procéder à un recensement des Kabyles. De Castellane soutenait que si les résultats indiquaient que les Kabyles composaient la moitié de la population s’élevant à 22000 habitants, il fallait les expulser vers leur pays étant donné qu’ils cachaient des armes, ce qui les rendait doublement dangereux.

Au début des années 1840, la surveillance des Kabyles vivant sur le territoire algérien s’avéra insuffisante et le principe que les Français ne seraient vraiment les maitres de l’Algérie que lorsque la Kabylie aurait été colonisée commença à faire son chemin.

Peu disposé au départ à entreprendre la conquête de la République kabyle, Bugeaud amorça le mouvement qui mena à la colonisation finale de la Kabylie, attaquant en 1843 les territoires périphériques. Si les campagnes des années 1840 n’atteignirent pas le but d’ensemble visant la colonisation de la République kabyle, les territoires attaqués avaient été pénétrés et les contacts avec le peuple kabyle s’intensifièrent [3].Cependant, comme devaient s’en apercevoir les troupes aux ordres du général Changarnier, et comme l’a observé Pierre de Castellane dans ses souvenirs qui parurent en feuilleton dans la revue des deux Mondes, la Kabylie était un territoire hostile. Faisant encore plus de victimes que la guerre, la maladie contribua de surcroit à démoraliser un peu plus les troupes.

Les Arabes du Tell ayant été promptement soumis, la France put tourner son attention vers la Kabylie qui demeurait une perspective terrifiante dans la mesure où le souvenir de l’énergie avec laquelle les Kabyles avaient repoussé l’armée française lorsqu’elle avait tenté de s’infiltrer par Vgayeth, Jijel ou Sétif était encore présent dans toutes les mémoires. Non seulement le territoire était inhospitalier, mais c’était également le secteur le plus fortement peuplé du Nord Afrique. Il fallait donc une force considérable pour s’attaquer à ces guerriers féroces et omniprésents et viscéralement attachés à leur indépendance.

En dépit de l’opposition considérable rencontrée en France par la conquête de la République kabyle, les arguments en sa faveur étaient tentant on fit observer qu’une fois la conquête achevée, il y aurait des bénéfices de nature stratégique, financière et commerciale appréciables. De plus arguaient-ils les tenants de la guerre contre la Kabylie, la conquête de l’Afrique dépendait de la colonisation ou pas de la République Kabylie. En territoire d’Algérie, l’opinion été aussi divisé entre ceux qui pensaient qu’il valait mieux établir plutôt des relations diplomatique et surtout commerciale avec la République kabyle et ceux qui pensaient que la France ne serait vraiment capable d’assurer ses visées sur le territoire algérien qu’après la colonisation de la Kabylie.

L’idée qu’un jour la Kabylie serait française commença néanmoins a faire son chemin. Les trois confédérations massées autour de Dellys en Kabylie centrale, dont la population s’élevait à 130.000 habitants furent les premiers à être conquis et considérés comme « la tête de la future Kabylie française ». Arrivait en Algérie en décembre 1851 Randon considéra que la colonisation de la Kabylie était essentielle pour le prestige et l’honneur de la France et n’est qu’une question de temps. L’assaut final sur la Kabylie du Maréchal en 1857 réussit à épuiser la résistance kabyle. Passant sur les bombardements aveugles, violes, incendies, vols, exécution sommaire. Retenant juste la perte de notre indépendance.

Les campagnes du début des années 1840 avaient en outre servi à écarter toutes les idées fausses antérieures concernant les Kabyles. La pénétration finale dans le territoire inconnu de la République kabyle qui avait été pendant si longtemps un lieu de mystère et de terreur confirma les impressions qui avaient commencé à naitre au cours des premières opérations dans la région révélant des populations sédentaires « calmes, travailleuses, ayant un penchant certain pour les arts et métiers, une intelligence, un cœur solide, un caractère énergique et confiant ». Dans un rapport sur le sujet, le général d’Hautpoul souligne : « la nature sédentaire des Kabyles les empêcherait de continuer à résister. Retenus à leur terre par des villages et cités aussi construits qu’en France, des domaines parfaitement cultivés, des manufactures et des centres de production d’armes et de munitions, les Kabyles ne pourraient, à la différence des Arabes, se retirer en fuyant devant la progression des colonnes française ».

Le colon Maffre ajouta à ces révélations son opinion : « les Kabyles étaient sensibles à la civilisation et sincèrement attachés à l’humain civilisé. Les Kabyles étaient peut-être un ennemi terrifiant et redoutable, mais ils étaient également dignes et la conquête de leur République, aussi pénible soit-elle, offrait la promesse de liens durables et fructueux avec sa population. » Il ne manquerait à ce monsieur que d’inviter les mots amitié, fraternité dans son discours et les âmes sensibles fondraient en larmes.

Tu parles...

La suite ? La France colonisa notre République et celle de nos frère Chawis car eux aussi étaient INDÉPENDANTS et favorisa considérablement l’arabisation des Mazighes. La France déploya des trésors d’ingéniosité effacer de notre mémoire collective le souvenir de notre indépendance. Comme le souligne Dda Bessaoud : « la France est de tous les pays du monde celui qui nous est le plus hostile, avec elle en effet nos “Isafen” sont devenus des “oueds”, nos “Idurar”, des “djebels”, nos “ath” et nos “ou”, des “ben” et des “beni” » on peut aussi rajouté “Tudar” des “douars” etc. Comme l’a aussi si bien dit le grand Dda Ould Slimane Salem compagnon de combat de Dda Bessaoud à l’Académie Mazighe : « la France nous a “beni” ».

Ajoutons que même nos héros sont méprisés par certains de ses hommes d’État. Alors qu’il ne viendrait à l’idée d’aucun de ses présidents d’appeler son chien Ibn Saoud, Abd El Kader, Mamadou, Jean, Mao, ou même Boumediene, Jugurtha vivait à l’Élysée du temps de Giscard d’Estaing sous les traits d’un labrador. Ou De Gaule opposait à toute idée de création d’Académie Mazighe ou même d’une simple association des commerçants kabyles, car de telles initiatives gênaient énormément sa politique arabe. Cependant, on ne doit pas perdre de vue que nous avons de nombreux amis sincères en France et beaucoup sont français.

Takfarinas Azwaw.

[1] Hanoteau et Letourneux.

[2] Responsable de tribu.

[3] Expédition de la vallée de l’Ouar-Sens-Cheliff de 1843 ; expédition à Dellys de 1844 ; 1844-1845, 1846-1847 marquèrent les étapes initiales de la colonisation de la République Kabyle.

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